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La goélette Belle-Poule

L'auteur

Jean-Louis Tourbier,
Capitaine de corvette de la Marine nationale,
40 ans au moment de l'embarquement sur la Belle-Poule.

La goélette
L'origine du nom
La grande pêche
Hommage à Eric
La Belle-Poule et l'art
Au gré du vent
En regardant les photos
Guy, le photographe
L'auteur
Bibliographie, liens
Plan du site


Deux ans sont passés
Un commandement, un rêve
Nathalie


(1) Le célèbre marin, plus vrai que nature, créé par Cecil FORESTER.
(2) Le non moins célèbre officier de Sa Majesté dont les aventures ont été imaginées par Alexander KENT.

jlntourbier@wanadoo.fr














Deux ans sont passés ...

Deux années de commandement,
Deux années "à la barre" de la BELLE POULE,
Deux "petites" années de la longue vie de la goélette.

Des hommes, un voilier,
Une histoire,
un rêve accompli.

Jean-Louis Tourbier, commandant la goélette Belle-PouleSeptembre 1997, après deux années riches et passionnantes, mon commandement de la goélette " BELLE-POULE " s'achève.
Il prend fin au moment où à l'issue d'une longue et bien belle carrière de 65 ans elle pourrait, comme chacun d'entre nous, prétendre à une douce et paisible retraite ; au moment où, je le lui souhaite de tout cœur, elle s'apprête à poursuivre son périple sur les mers et les océans du globe,car, sauf à de rares exceptions, un navire ne prend pas de retraite ; comme les hommes, il naît, vit et enfin meurt.

Au moment où je quitte mon commandement, comme lors de chacun de mes débarquements, que ce soit de bâtiments de surface ou de sous-marins, j'ai l'impression de laisser quelque chose d'impalpable à bord, un peu de moi-même.

Mais n'est-ce qu'une impression ? Je n'en suis pas si sûr !

Tout cela est bien réel vous dirons les marins : Un marin s'attache à son bateau, vit avec lui, endure les pires moments en son sein, éprouve aussi de grandes joies en sa compagnie, meure parfois à ses côtés.
Brest 96Aussi, lorsque vient le jour de se séparer pour que chacun poursuive sa vie indépendamment, le marin vit cet instant comme une véritable séparation. Et, si les moments vécus à bord ont été intenses, il peut s'agir d'un véritable déchirement.

Quitter le commandement de la BELLE POULE s'apparente pour moi à un déchirement, une plaie qui mettra sans doute quelques temps à se refermer. Parce qu'il s'agit d'un voilier, pas n'importe lequel, comme nous le verrons par la suite, et que l'on vit plus intensément à bord d'une goélette en bois chargée d'histoire que sur un " bateau gris " ou une " bête noire ".

Mais c'est aussi parce que j'en ai été l'un des commandants.


Un commandement, ... un rêve ...

Lettre de commandementCommander un navire est le rêve plus ou moins secret et tant recherché de tout officier de marine. C'est le but d'une carrière, c'est l'aboutissement de tant d'efforts.
C'est un privilège avant tout, car être désigné par le Président de la République pour commander un navire et à des hommes est un honneur.
Qui plus est, comme on le souligne de plus en plus souvent dans la Marine nationale, il n'y a pas assez de " passerelles " pour tous ! Le rêve ne reste que rêve pour beaucoup d'entre nous.

Rêve de commander, rêve de commander un grand voilier.

Commander la BELLE-POULE était pour moi un double privilège : " Voileux " dans l'âme depuis l'enfance grâce à mes parents qui, il y a trente ans, me poussèrent un jour, bien malgré moi, vers les portes d'une école de voile, je suis aussi un fervent admirateur et un lecteur assidu des aventures de Hornblower (1) et de Bolitho (2).
Je n'aurais jamais osé espérer, il y a seulement quelques années, me retrouver à la barre de ce fier voilier.

Nathalie.

Merci à une épouse épatante ..., Nathalie.

La goélette BELLE-POULE est un voilier célèbre, certes, mais qui reste intime pour son commandant. Au fil des jours, au fil des milles parcourus avec elle, on tisse des liens privilégiés.

Commander la BELLE-POULE ce n'est pas en être le maître ; Il faut apprendre à la connaître, il convient de l'apprécier et de savoir à chaque instant ce que l'on peut lui demander, on se doit de la respecter, c'est aussi .... la séduire puis l'aimer !
Il faut vivre avec elle, l'écouter sur l'immensité océane, au gré des coups de vents ou des calmes plats, la mener au cœur des dépressions ou en bordure des anticyclones, il faut l'aider à se frayer un chemin, écouter ses plaintes et la soulager.

Une symbiose entre le commandant et son navire apparaît peu à peu, des liens affectifs se tissent, presque des liens amoureux.

Une épouse non, une maîtresse presque, une amie chère sûrement.

Tout ceci ne rend pas la vie de famille facile.

Mon épouse, Nathalie, aurait parfois eu l'occasion d'être jalouse de " ma Poule ". Pendant deux ans elle semblait être sa concurrente. Il est vrai que " ma goélette " m'a pris beaucoup de mon temps et a accaparé sans doute plus que de raison mon esprit.
Il n'est pas une journée, à la mer bien sûr mais aussi le soir à la maison, le dimanche en famille, et même pendant nos vacances alors que nous naviguions sur notre voilier familial, où je n'ai eu une pensée pour " ma fière vieille demoiselle " comme j'aimais à la nommer. Il n'est pas un jour ou je n'ai évoquer avec mon épouse les joies et les difficultés de cette vie commune.

Deux ans de vie à trois tous comptes faits !

La BELLE-POULE, une fiancée de deux ans ? Probablement après tout.
Et maintenant qu'un autre prétendant s'occupe d'elle, fille infidèle qui m'a tant donné, je vis une séparation douloureuse, presque une déchirure.

Merci Nathalie, merci pour ta patience et ta compréhension, merci pour ton aide...
Je t'aime.

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Rêver à nouveau, ... encore ...
Et ... qui sait...